Bonjour à tous,
Je lance ici les discussions sur les mythes et la réalité autour du bio, afin de canaliser les discussions qui s'éparpillent sur le sujet sur le site SCMB.
Comme toujours, merci de conserver les échanges constructifs et basés sur des faits, dans le respect de chacun.
Je commence par une réponse à ce commentaire sur l'anecdote "L'étude qui vous explique que le chocolat fait maigrir".
Merci pour ton commentaire, intéressant, j'avais déjà lu pas mal d'articles/ info à ce sujet.
En fait, le conventionnel n'est pas le naturel.
C'est sur ce créneau que certains se battent.
Je ne parle pas de toi en particulier, mais je pense qu’il y a souvent une vision fantasmée du bio et de l’agriculture conventionnelle.
Cela fait 10.000 ans que l'agriculture existe : tout ce que tu manges est issu de milliers d'années de sélection et de croisement de récoltes par l'Homme. Bien avant l'apparition du bio, les agriculteurs ont pratiqué la sélection d'espèces adaptées au milieu, la rotation des récoltes, etc.
C'est encore pratiqué aujourd'hui. C'est cette agriculture communément pratiquée, qui a sans cesse évolué dans ses pratiques, et évolue toujours : organisation des cultures, enrichissement des sols, mécanisation des opérations auparavant pénibles, augmentation des rendements par différents moyens, pour nourrir une population toujours plus dense et citadine, etc.
Du coup, je ne suis pas sûr de ce que tu appelles agriculture "naturelle" ? Pour moi, le terme "naturel" ne veut pas dire grand chose dans ce cadre, le bio n'est pas plus "naturel" que l'agriculture conventionnelle : le bio ne respecte pas plus la rotation des variétés, le bio utilise aussi des pesticides, bien que qualifiés de “biologiques” :
- des pesticides microbiens, comme la bactérie produisant la toxine Bt dont la production est aussi intégrée dans certains OGM, mais aussi des champignons, des virus, etc.
- des pesticides biochiomiques comme les phéromones ou les extraits de plantes.
D’autres substances sont aussi utilisées pour enrichir les sols ou modifier le PH, comme les sulfates (aluminium, fer, magnésium, etc.). Chacun de ces produits, bien qu’ils soient permis par l’agriculture biologique ont aussi, comme toute substance active, leur seuil de toxicité, et se retrouvent sur les fruits et légumes que nous mangeons. Tout comme les produits de l'agriculture conventionnelle, tout est une question de quantité absorbée, et de seuil de toxicité.
Je ne vois rien de “naturel” dans tout cela. Tout le monde souhaite une nourriture saine et une agriculture durable.
Retrouver une agriculture raisonnée et non plus rigidifiée par l'argent.
Peu importe le calibrage du produit, le quota de ce qui est produit.
La philosophie bio tend vers la culture, et non la culture de l'argent.
Concernant la culture de l’argent, je pense que tu seras d’accord sur le fait qu’il y a des agriculteurs amoureux de leur métier partout, pas simplement chez les pratiquant de l’agriculture bio. Si tu n’en es pas convaincue, je pourrai te présenter des agriculteurs ayant leur exploitation non loin de chez moi, en Bretagne, j’en ai aussi un dans ma famille . Il ne fait pas du bio, et s'il voulait gagner plus, il ferait sans doute un autre métier
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Les grands groupes alimentaires font aussi de l’argent avec du bio, voir plus qu’avec de l’agriculture conventionnelle. Cela fait un bon moment que l’agriculture bio n’est plus synonyme de petites parcelles, de petits exploitants . Économiquement, le bio revient à faire payer plus cher une quantité moindre de produit, de quoi intéresser n’importe quelle société agro-alimentaire ! Le bio est surtout, de par son prix en moyenne plus élevé, destiné à des personnes au niveau de vie plus aisé.
Concernant l’aspect raisonné de l’agriculture bio, elle est très nuancée pour moi : il faut toujours 2 fois plus de surface agricole (200%) pour faire pousser du blé de manière bio par rapport à l’agriculture conventionnelle ou 160% pour la pomme de terre, pour des récoltes moins importantes. Cela signifie la création de plus de terres agricoles, pas vraiment raisonnable.
Je préfère garder les forêts et les autres terrains vierges, que les abattre pour créer plus de terres agricoles pour nourrir les plus aisés. Prôner le bio et condamner la déforestation, ça va vite devenir schizophrénique ! Pour nourrir une population toujours plus importante, le bio n’est pas du tout une solution viable. Je n’ai pas envie de dire aux populations mourant de faim que je préfère manger du soja bio que de leur permettre de survivre. Je préfère que l’on puisse utiliser de la manière la plus efficace possible les terres agricoles déjà disponibles. Les OGM, par exemple, permettent de multiplier les récoltes par 10 ou 20 (cf. le post du forum consacré aux OGM).
Le bio est pour moi (mais pas que moi ) une agriculture destinée à ceux qui peuvent se permettre ce gaspillage car ils sont déjà bien nourris. Mais ça risque de n’être plus le cas dans peu de temps.